Parole d’enseignant

 

Notre série d’interviews destinées à connaître un peu mieux les enseignants de la SEP se poursuit avec Gérard Fournier.

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Voilà donc quelques précisions concernant son parcours, ses références équestres et ses valeurs.

 

Le Cheval à Bascule : peux-tu te présenter en quelques mots ?
Gérard Fournier : Je suis né en 1947 autant dire au Moyen Age et je suis enseignant à la SEP depuis 11 ans après une longue carrière dans l’Aéronautique pendant 43 ans.

Peux-tu nous parler de ton parcours équestre ?
GF : J’ai passé le 2ème degré (galop 7) en 1976, je suis Accompagnateur de tourisme équestre depuis 1984 et Meneur d’Attelage depuis 2015.
Dans ma jeunesse, j’ai concouru en CSO notamment dans le cadre du CLEE qui regroupe les sociétés d’équitation de grandes entreprises avec la finale au salon du cheval.
J’ai participé à un certain nombre de Rallyes qui était l’ancêtre du TREC.

Qu’est-ce qui t’a amené à l’équitation ?
GF : Je connaissais les chevaux depuis mon enfance à la campagne en montant des chevaux de trait souvent à cru. Lorsque j’ai pu prendre des cours à l’âge adulte, grâce à mon entreprise qui avait un groupe équestre, j’ai monté de façon assidue jusqu’au 2ème degré (galop 7). Ce sont les enseignants que j’ai rencontrés à cette époque qui m’ont donné l’envie d’enseigner. Et c’est en préparant ma retraite de l’aéronautique que je me suis inscrit pour la formation du BPJEPS.

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Qui sont tes maîtres à penser ?
GF : Une lignée de grands maitres nous ont apporté différentes techniques depuis le 16ème siècle: Salomon de la Broue met au point « l’accort des aides » ; Antoine de Pluvinel insiste sur la position du cavalier et le travail sans contrainte du cheval ; François Robichon de la Guérinière prône l’équitation « naturelle et raisonnée » et met au point « l’épaule en dedans » ; Charles Dupaty de Clam met en avant « la rectitude » ; Antoine Cartier d’Aure utilise les forces instinctives du cheval, c’est la base de l’équitation moderne ; François Baucher travaille surtout les assouplissements et la maitrise technique ; le Général L’Hotte  juxtapose les méthodes de Aure et de Baucher, on lui doit la principe « calme, en avant, droit ».
Certains grands praticiens tels que Philippe KARL, Nuno OLIVEIRA  ou Michel HENRIQUET pour le dressage, Michel ROBERT pour le CSO et Nicolas BLONDEAU pour l’éducation du cheval. 

Une citation équestre qui t’inspire ?
GF : “Le cheval est le seul piédestal ou l’on apprend la modestie.” Ph. Karl

Comment définis-tu ton rapport aux chevaux ?
GF : Avant tout un rapport de confiance, communiquer avec un animal d’une grande sensibilité est bénéfique sur le plan physique, mental et émotionnel et permet à chacun de mettre en valeur des capacités oubliées.
Le cheval est un miroir et renvoie au cavalier une image sincère tout en étant un partenaire fidèle.

Pour toi, qu’est-ce que le club possède que les autres n’ont pas ?
GF :
Des piquets de chevaux attribués aux enseignants.

Quelle est la philosophie que tu as envie de mettre en place dans tes cours ?
GF :
Le cheval n’est pas une machine à faire des kilomètres, à sauter, à piaffer, mais un être vivant avec sa sensibilité, ses émotions, son physique.
S’arrêter à l’aspect biomécanique de sa locomotion et à des techniques, c’est courir à l’échec.  L’équitation est l’écoute mutuelle entre le cheval et le cavalier, sans contraintes. Il n’y a pas de technique sans tact et sentiment de respect.
Il faut toujours expliquer pourquoi l’on fait un exercice bien précis, quelles en sont les conséquences. 
Ne pas oublier que 80% des cavaliers ne font pas de compétition. Il faut donc s’adapter aux désirs et aux capacités physiques de chacun. De même il faut adapter le travail des chevaux à leur niveau de dressage et leur capacité.

 
Photo : Anna Larminy

Photo : Anna Larminy

 

Trois mots pour définir ton enseignement ?
GF : Pédagogie : être capable de cerner précisément les problèmes que peut rencontrer un cavalier tout au long de sa formation. 

Empathie : encourager et approuver les efforts accomplis par les élèves, chaque fois que cela se justifie.

Réactivité : être capable de faire face à toutes les situations, anticiper les évènements tout en gardant son calme. 

Un conseil pour nos cavaliers débutants ?
GF : Etre attentifs aux conseils de l’enseignant et aux réactions de leur cheval.
Corriger ses défauts sans attendre et travailler son assiette (position).
Ne pas chercher à aller trop vite, le désir de compétition est louable mais pas à n’importe quel prix.
Passer les examens des Galops pour concrétiser la progression.
Ne pas oublier que l’équitation est une école de persévérance et d’humilité.

Et pour les plus confirmés ?
GF : Se remettre en question à chaque fois que l’on monte à cheval. Chercher à comprendre la finalité d’un exercice, poser des questions aux enseignants, et ne pas hésiter à lire des revues ou des livres concernant l’équitation. 
Essayer des exercices que vous ne pratiquez pas habituellement tels que la longe, les longues rênes, le travail à pied, l’éthologie. Tous ce qui peut vous enrichir dans la compréhension et le fonctionnement de votre monture.

Pour finir, quelles sont les références culturelles liées aux chevaux que tu conseillerais ?
GF : Sans remonter à XENOPHON (430 = 355 avant JC) qui préconisait déjà la douceur et la compréhension du cheval, les cavaliers peuvent se procurer les fascicules des GALOPS (1 à 7) et les œuvres de maitres contemporains tels que:
Philippe KARL “Dérives du dressage moderne”
Gerd HEUSCHMANN “Dressage moderne : un jeu de massacre”
Guillaume HENRY (plusieurs livres sur la technique : assouplissements, usage des jambes et des mains, assiette et position, placer son cheval, travail au galop)

 
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Michel ROBERT (carnet de champion)
Gillian HIGGINS (la locomotion du cheval) c’est un guide pratique très illustré avec des dessins et des photos de squelette et de muscles sur le cheval en action.

 
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Ainsi vous apprendrez qu’a la réception d’un saut, les forces exercées sur l’antérieur qui touche le sol en premier peuvent atteindre deux fois et demi le poids du cheval (1,5 tonnes pour un cheval de 600 kg). Vous comprendrez mieux pourquoi les ligaments souffrent et qu’il faut prendre soin du physique du cheval. 

Film : “Danse avec lui”

DVD : “La voix des chevaux” 

 
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